DEDICATED : "Un Belge sur trois refuserait actuellement de se faire vacciner, selon notre sondage."
Seul un Belge francophone sur deux (52 %) envisagerait de se faire vacciner alors que 35 % d’entre eux ne le feront probablement pas (17 %) ou certainement pas (18 %). Pour 12 % des sondés, la réflexion n’a pas encore débouché sur une position clairement définie. Ce sont, assez logiquement, les personnes les plus vulnérables - à savoir les plus de 55 ans - qui se feront le plus vacciner (64 %). À l’inverse, les jeunes semblent les plus réticents (lire en page 2). Les femmes seraient aussi plus réticentes : seules 44 % d’entre elles affirment être favorables à la vaccination, contre 66 % des hommes. Elles sont aussi plus indécises : 16 % d’entre elles ne savent pas encore si elles se feront vacciner ou non, contre 8 % chez les hommes.
"J’ai l’impression que les gens ont peur car ils ne comprennent pas comment fonctionnent les vaccins", analyse Sophie Lucas, immunologue à l’Institut de Duve de l’UCLouvain. "Soit car ils n’ont pas eu assez d’informations à ce sujet, soit parce qu’ils ont reçu trop d’informations erronées. Je peux entendre les craintes et j’invite même les gens à les exprimer et à chercher les réponses auprès des bonnes personnes."
Pour assurer une campagne de vaccination efficace, il faudra déconstruire les fausses informations qui circulent, notamment, sur les réseaux sociaux, et convaincre les indécis et les réticents. Lesquels fondent en partie leur rejet du vaccin sur la désinformation. Parmi les freins vis-à-vis de la vaccination, la crainte d’éventuels effets secondaires (67 %), la rapidité de conception du vaccin "alors qu’il faut plusieurs années en temps normal" (62 %) et l’absence de recul (56 %) sont parmi les plus cités.
"La peur concernant la rapidité de conception du vaccin est compréhensible", explique Sophie Lucas. "Néanmoins, elle n’est pas fondée car on peut parfaitement expliquer comment on a pu aller si vite. Nous avons désormais deux siècles d’expérience dans le développement des vaccins. Et les virus des récentes épidémies de Sras (2002) et Mers (2012) sont de la même famille que celui qui cause le Covid-19. On connaissait ces virus et des vaccins ont même été créés et testés pour le Sras, mais n’ont pas servi car l’épidémie s’est éteinte rapidement. Pour le coronavirus, on savait donc quels antigènes il fallait viser pour avoir un vaccin efficace. Ce sont d’ailleurs des vaccins relativement simples à concevoir."
Autre explication de la rapidité de conception du vaccin : le fait qu’il s’agisse d’une pandémie et non d’une épidémie localisée. "Tout le monde - scientifiques, firmes pharmaceutiques, agences régulatoires… - a collaboré en échangeant les informations. Ce qui a grandement accéléré la conception des vaccins."
Quant aux effets secondaires, Sophie Lucas ne nie pas qu’il pourrait y en avoir. "Tous les vaccins ont des effets secondaires et aucun scientifique ne le
niera, confie l’immunologue. Mais ce sont des effets mineurs, acceptables et attendus, comme de la fièvre, des maux de tête, de la fatigue ou des douleurs à l’endroit de l’injection. Ils sont même assez fréquents, mais très généralement à court terme (deux, trois jours). Les effets secondaires plus sérieux (comme des réactions allergiques) ou à long terme sont très rares et, en fait, exceptionnels."
Sophie Lucas rappelle au passage que le virus actif n’est jamais inoculé aux patients. "Les vaccins contre le Covid sont faits d’une petite partie isolée du virus,
incapable de causer la maladie, mais suffisante pour susciter la production d’anticorps. En aucun cas, ces vaccins ne peuvent entraîner la maladie qu’ils sont censés empêcher. Avec les vaccins contre la grippe, par exemple, quand une personne dit qu’elle a fait la grippe après un vaccin, c’est soit parce que le vaccin n’a pas été efficace (les vaccins contre la grippe sont moins efficaces que les vaccins actuels contre le Covid), soit parce qu’elle a été infectée par un autre virus, différent de celui de la grippe mais qui provoque le même genre de symptômes. Ce n’est pas le vaccin qui cause la maladie."
Enfin, Sophie Lucas rappelle que des dizaines de milliers de tests chez des volontaires ont été réalisés pour mesurer l’efficacité du vaccin contre le coronavirus dans le cadre des études cliniques. Et que celui de Pfizer a une efficacité (95 %) équivalente ou supérieure à celle de nos meilleurs vaccins, comme celui contre la polio. Sans provoquer d’effets secondaires graves.
Les Belges gardent le moral… tout en étant inquiets
Près d’un sondé sur quatre dit avoir souffert de dépression ou de burn-out depuis la crise. Après huit mois d’une crise sanitaire sans précédent qui devrait encore se prolonger en 2021, comment les Belges traversent-ils cette difficile épreuve moralement ?
La question a été posée à notre panel et il semble que les Belges francophones gardent le moral. Ou l’ont en tout cas retrouvé. Car, si pas moins de 27 % des sondés disent avoir souffert de problèmes psychologiques (burn-out, dépression…) durant ces derniers mois, près de huit personnes sur dix (76 %) estiment avoir le moral bon (59 %), voire très bon (17 %). À l’inverse, 23 % des sondés jugent que leur moral est mauvais (19 %), voire très mauvais (4 %).
Une proportion qui reste relativement équivalente selon les catégories d’âge, même si, assez étonnamment puisqu’il s’agit des personnes les plus à risques, les personnes âgées de plus de 55 ans sont aussi celles dont le moral est le meilleur (17 % très bon et 66 % bon).
Ce sont aussi ces personnes qui ont souffert le moins de problèmes psychologiques ces derniers mois : seuls 11 % d’entre eux disent avoir souffert de dépression, de burn-out ou des deux. Quant à l’inquiétude par rapport à la seconde vague, elle est globalement égale selon les différentes catégories d’âge : 76 % des sondés se disent inquiets concernant l’évolution de la crise sanitaire. Ce qui ne les empêche donc pas de garder le moral.
*Le baromètre dont nous vous révélons les principaux résultats a été commandé par La Dernière Heure, La Libre et L’ Avenir et a été réalisé par Dedicated. Ce sondage a été effectué auprès de 706 Wallons et 298 Bruxellois âgés de 18 ans et plus, via Internet. La sélection des répondants a été réalisée par Internet dans le respect des quotas sur les principaux critères sociodémographiques (genre, âge…) et répartie de façon représentative entre les provinces de Wallonie et sur les communes de la région de Bruxelles-Capitale. La marge d’erreur est de ± 3,1.